Peut-on voir en Gautier de Coinci un lointain précurseur de Théophile Gautier... Rapprochement facétieux (et vaguement oulipien) mais pas seulement... Il se trouve que j'ai lu «La Maladie et la Foi au Moyen Âge» de Lydia Bonnaventure quasiment en même temps que le «Capitaine Fracasse» dudit Théophile... Et l'on trouve chez les deux auteurs des portraits aussi criants de vérité des corps souffrants et dans les deux cas une vision imprègnée par leurs temps, quand Theophile évoque le règne de Louis XIII, il place dans la bouche d'un de ses personnages (Le Pédant) une allusion à la pyramide de Cheops qui ne s'explique que par l'Expédition en Egypte de Napoléon Bonaparte, quand Lydia Bonnaventure évoque les rapports entre maladie et foi dans les écrits de ce Gautier de Coinci qui a vécu entre le règne de Philippe Auguste et celui de Saint Louis on ne peut s'empêcher de songer aux diverses attitudes «superstitieuses» face à la maladie qui ont encore trop souvent cours dans certains milieux conservateurs du XXIe siècle....
Le Moyen-Âge n'a pas totalement disparu de nos mentalités!
Ce petit livre de Lydia Bonnaventure, publication d'un travail universitaire, pourra être lu avec fruit par tous ceux que passionnent l'épistémologie de la médecine.
Il peut aussi se lire à la manière d'un roman... Alors on découvre un homme Gautier de Coinci décrit par une auteure passionnée par son sujet et très attentive aux multiples aspects de son personnage. On y découvre que sous le règne de Saint Louis les mentalités étaient bien différentes de celles d'aujourd'hui, mais on peut aussi traquer à la manière d'un détective mille détails où l'on découvre que le souci des souffrances d'autrui préfigurait déjà l'humanisme dont de multiples racines plongent dans les mentalités médiévales. Bref devant ce livre chaque lecteurs se retrouve (comme devant une fiction passionné par ce qui le préoccupe.
Ce livre peut enfin se lire, tout simplement comme l'oeuvre d'une histoirienne de talent. J'ai à plus d'une reprise songé en lisant ce livre à Guillaume le Maréchal de Georges Duby. Cette évocation de Gautier de Coinci aurait certainement pu s'insérer dans cette série «Les inconnus de l'histoire» publiée chez Fayard et qui faisait les délices des étudiants passionnés d'Histoire dans les années 80. Même élégance dans le style, semblable précision dans l'évocation des sources. Un seul regret, il est lié à l'édition et à des questions matérielles, quel dommage que les illustrations n'aient pas pu être en couleurs. Fort heureusement, le noir et blanc des images est compensé par le chatoiements de la prose.
Titre : "La Vie que je Choisis"Editions : Aparis-Edilivre,
Parution : août 2011
Nombre de pages: 97
Voilà un petit roman contemporain attachant écrit par une jeune auteure : Céline Thibaut que je suis ravi d'avoir découvert grâce à ce livre.
Le narrateur un homme de soixante-six ans, Samuel Chavignet. Il se retrouve pensionnaire dans la maison de retraite médicalisée de Bourg-en-Bresse car il est atteint d'une maladie du cerveau qui lui provoque des troubles de mémoire, mais pas seulement... Il doit faire aussi face à d'autres symptômes et c'est tout l'objet de cette narration ! Périodiquement Samuel reçoit la visite d'une pétillante jeune fille rousse : Bonnie. Grâce à elle il se met à visiter son passé, à revenir sur des lieux où il a vécu, mais aussi à découvrir tous ceux que sa morne vie de bureaucrate (il était actuaire dans un gratte-ciel Lyonnais) lui avait fait éviter. Ce court roman de 97 pages devient alors un feu d'artifice de petits croquis évocateurs plongeant dans le passé : de Disneyland à Versailles, d'un concert des Creedence Clearwater revival le 16 août 1969 à Woodstock à une représentation de l'Opéra Motezuma de Vivaldi... Trouvaille astucieuse que ce procédé narratifs qui ouvre la porte aux rebondissements les plus inattendus.
Les personnages secondaires Natacha et Emile sont charmantes de vérité j'ai eu le sentiment qu'il s'agissait d'aides-soignantes ou d'infirmières que j'aurais pu rencontrer dans la réalité.
C'est une belle idée sensible et audacieuse qu'a eu Céline Thibaut à se confronter ainsi avec la maladie et le tragique de l'existence. Le roman est écrit dans un style à l'élégance discrète, une prose svelte avec juste ce qu'il faut de petites naïvetés pour donner à ce regard une grande et profonde sensibilité. Une lecture que je vous conseille : le livre se lit rapidement avec un zest de frisson et de surprenant.
Bravo à Céline Thibaut qui signe à 25 ans son premier roman en tant qu'auteur unique. Elle avait précédemment écrit un roman en collaboration avec Sylvain Portelance : « Les racines de la perle »
Céline Thibaut auteur de "La vie que je choisis"
Rêve et écriture trottent dans l'esprit de Céline THIBAUT. Rien ne pouvait laisser supposer qu'elle devienne un jour auteur car elle n'a pas fait beaucoup d'étude et elle n'a guère de diplôme. Cependant ses passions pour la lecture et l'écriture l'ont poussé à publier un premier roman: "Les Racines de la perle" rédigé à quatre mains avec Sylvain PORTELANCE, et un deuxième (ici chroniqué) "La Vie que je choisis".
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